Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

choses, j’entends toutes les personnes dont nous devons rester éternellement incompris, qui ne se rapprochent de nous que pour nous séparer avec angoisse de ce qui nous est le plus proche. Et il me prend une envie furieuse de dire : « c’est à ceux-là, qui ne savent rien de toi, qui ne comprennent rien de toi, mais exigent tout de toi, que tu irais tout sacrifier ! » Cela, je ne puis ni le voir, ni l’entendre, si je veux accomplir dignement la tâche qui m’est dévolue sur terre ! C’est uniquement au plus profond de moi-même que je trouverai la force nécessaire : au-dehors, tout me pousse à l’amertume, tout ce qui veut s’imposer à mes décisions.

Tu espères me voir quelques heures à Rome, cet hiver ? Je crains qu’il me soit impossible de te voir ! Te voir et me séparer ensuite de toi, pour la satisfaction d’un autre être ! Pourrais-je encore le faire ? Assurément non ! —

Tu ne veux pas de lettres non plus ! —

Je t’ai écrit — et je conserve l’espoir bien ferme que ma lettre ne sera pas repoussée — oui je suis certain de la réponse !

Trêve à ces folles imaginations ! J’espère —


8 Septembre.

« Aveugles yeux,
Ô cœurs pusillanimes ! »[1]

  1. Tristan : acte I, scène 3e.
— 55 —