Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

en quoi cela pourrait-il vous être de quelque utilité ? Otto doit vous donner tout de suite les Légendes indoues, adaptées par Adolphe Holtzmann (Stuttgart). Je les ai prises avec moi à Londres : leur lecture a été mon seul plaisir ici. Toutes sont belles ; mais celle de Savitri est particulièrement splendide et si vous voulez apprendre à connaître ma religion, lisez Usinar. Toute notre culture est bien misérable en comparaison de ces pures révélations de l’humanité la plus noble de l’antique Orient !

Maintenant chaque matin, avant de me mettre au travail, je lis un chant de Dante : je suis encore profondément engagé dans la lecture de l’Enfer ; ses horreurs m’accompagnent dans l’exécution du 2e acte de la Walküre (Walkyrie). Fricka est partie il y a un instant et Wodan va donner libre cours à sa terrible douleur.

Ici je ne puis faire plus que ce 2e acte ; mon travail n’avance que fort lentement et chaque jour il me faut combattre une nouvelle contrariété.

Mes expériences de Londres m’ont décidé à me retirer pour quelques années de la vie musicale publique : je veux en finir avec ces directions de concerts. Ces Messieurs de Zurich ne doivent nullement faire des frais à mon intention ! En ce moment j’ai besoin de tout mon équilibre intérieur pour achever ma grande œuvre, qui pourrait facilement, je le

— 8 —