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Je n’oublie pas la promesse que Wesendonk m’a faite de venir la semaine prochaine ; je le prie, cependant, de m’avertir la veille.

Merci pour le Tasse. Il me dédommagera du Righi. Merci également pour les lettres américaines,[1] et je vous prie d’exprimer à Monsieur Luckemaier ma gratitude pour ses démarches. D’ailleurs, en les lisant, ces lettres, ma pensée, de nouveau, se reporta vers Londres. Je ne suis décidé à rien, et aurais même voulu que la contre-proposition de Monsieur Ullmann m’eût sauvé de toute hésitation. Je verrai ce monsieur et jusque-là ne veux donc point me casser la tête.

La guerre me procure un ennui. La caisse que vous savez n’est toujours pas encore arrivée de Venise. Ce qui m’étonne, c’est que de Ritter non plus je n’ai pas de nouvelles. En mes moments d’hypocondrie il me semble que je ferais bien d’aller plus tôt à Paris, pour ne point avoir la guerre entre moi et mon lieu de séjour futur. Au total, il est fort intéressant que je m’enfuie vers la capitale ennemie quand la guerre éclate entre l’Allemagne et la France. Figurez-vous que je crains de perdre tout patriotisme, et que je pourrais me réjouir si les Allemands recevaient encore une fois une pile. Le bonapartisme est une douleur aiguë et passagère

  1. Il s’agit sans doute d’une demande de visiter New-York durant l’hiver 59/60, dont parle Glasenapp, II, 2, 205. Voir aussi lettre à Wesendonk, du 26 Mai 1859.
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