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— pour pouvoir être ainsi ! » Celui-là seul connaît la palme, qui portait la couronne d’épines : et elle repose si douce, si légère dans la main, elle se recourbe autour de la tête comme l’aile d’ange la plus subtile, pour nous envoyer fraîcheur et réconfort ! —

Nos lettres se sont croisées : la vôtre arriva lorsque je venais d’avoir remis la mienne à la poste, précisément !

Depuis assez longtemps je suis tout à fait seul. Karl Ritter m’a quitté pour aller congratuler, à l’occasion de son anniversaire, sa mère malade. Lorsqu’il me quitta, je relevais justement d’une maladie, qui avait interrompu mon travail à peine commencé : je lui promis de terminer un autre fragment important de Tristan pour la date de son retour. Mais, de nouveau, je dus me résigner à garder la chambre, et, cette fois, à la suite d’une blessure externe à la jambe, j’étais condamné à ne point bouger de ma chaise, d’où l’on devait me porter dans mon lit. Cela a duré jusque maintenant à peu près ; depuis quelques jours seulement je sors de nouveau en gondole. Je vous écris tout cela, afin de joindre à ce récit douloureux la remarque suivante : c’est que, pas un instant, la patience ne m’a manqué, mon esprit est resté libre et gai, malgré qu’il me fallût de nouveau abandonner le travail. Pendant tout ce temps je ne vis personne, excepté mon médecin, Louisa, ma « donna

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