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en tout cas, terminer avant Juin — après quoi, si toutes choses demeurent en état, je pense quitter Venise, et aller retrouver mes montagnes de la Suisse. Je viendrai alors demander, chère amie, si vous me connaissez encore, et si je suis le bienvenu chez vous en venant vous saluer.

Le jour de l’an, Karl Ritter est revenu et maintenant il a repris ses visites de tous les soirs, à huit heures. Il dit qu’il a trouvé ma femme ayant un peu meilleure mine. D’après les apparences, elle se porte au total assez bien et je veille pour que rien ne manque à son confort. Les terribles palpitations de cœur semblent s’être apaisées, mais elle souffre encore toujours d’insomnies et, depuis que le calme relatif lui est venu, elle se plaint d’oppressions croissantes à la poitrine, avec des accès prolongés de toux, ce qui ne me donne malheureusement pas grand espoir en sa guérison. Le médecin, un ami éprouvé,[1] désire ajourner son jugement final sur le développement de la maladie jusqu’après le résultat d’une cure prolongée à la campagne, l’été prochain. Après des secousses aussi violentes et surtout à la suite des continuelles insomnies, avec, comme conséquence, le manque de nutrition, il faut attendre maintenant ce que la nature a décidé

  1. Le docteur Antoine Pusinelli, mort à Dresde le 31 Mars 1878. Des lettres de R. Wagner à son ami ont paru dans les Bayreuther Blätter (1902, pag. 93—124).
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