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religions, des dogmes, des opinions qui se combattent éternellement ? De ce que tous veulent la même chose, sans le reconnaître. Donc, que le voyant se sauve à l’écart, et surtout qu’il ne combatte plus ! Qu’il souffre en silence de la folie, qui le regarde partout en ricanant, de la folie, qui s’insinue vers lui sous toutes les formes, de toutes façons, impérieuse là, où il est aveugle, convoitante là, où il dédaigne. Ici il n’y a qu’une ressource : — Se taire et être patient ! —

Cela vous apparaîtra sans doute comme une espèce de « conte de fée », aussi, mais tout autre : peut-être qu’il contient la clef du vôtre.[1] Le moineau gris loue son créateur et, aussi bien il le comprend, aussi bien il chante ! —

Vous voyez que je suis bien heureux de pouvoir travailler. C’est vraiment un bonheur, en regard duquel une maladie déterminée, sérieuse, ne constitue pas un tellement grand malheur, parce qu’elle aussi libère l’esprit et met en action les forces morales. L’état le plus fâcheux est bien celui où, ne souffrant pas à vrai dire de maladie, nous nous sentons dépendants, inquiets, où nous éprouvons une profonde gêne dans nos rapports avec le monde extérieur, où veulent prédominer les exigences

  1. Intitulé « L’oiseau étranger » ; — réimprimé, en 1900, un nombre limité d’exemplaires.
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