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mit en garde, il me conseilla de ne point me préoccuper de succès éventuels avec mes opéras en Italie, succès que, d’après lui, j’entrevoyais en pensée. Mon véritable terrain n’était pas là, et il s’étonnait de ce que je ne voulusse point le comprendre. La réponse à sa lettre me fut vraiment des plus pénibles !

Il était déjà question que j’aille à Vienne ; vous le saviez probablement aussi ; mais vous ne pouviez cependant y croire ? —

Jusqu’à présent, je suis le seul locataire dans mon palais, et j’occupe des pièces, dont l’aspect m’effraya, au premier abord. Mais je ne trouvai pas beaucoup d’habitations plus économiques, absolument rien de plus confortable : en conséquence je m’installai dans ma grande salle, qui est exactement deux fois plus grande que celle des Wesendonk, avec, au plafond, des fresques passables, sous les pieds des mosaïques superbes, et une acoustique certainement excellente pour mon Érard. Je m’efforçai immédiatement de corriger la raideur et le froid de l’habitation ; les portes entre une vaste chambre à coucher et un petit cabinet adjacent furent tout de suite enlevées et remplacées par des portières, cependant pas d’une étoffe aussi belle que mes dernières, dans l’« Asile » ; pour le moment c’est le coton qui doit me fournir mes décorations théâtrales. La couleur devait cette fois être rouge, parce que le reste était déjà

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