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ce passage : « Celui que tu as embrassé, celui à qui tu as souri » et « Dans tes bras, livré à toi. » etc.[1] Je restai longtemps sans pouvoir continuer, ne me remémorant pas exactement l’exécution. Cela me contrariait gravement. Impossible d’aller plus loin. Le petit kobold frappa au logis : ce fut l’apparition d’une bienfaisante Muse. En une seconde, je me rappelai le passage. Je m’assis au piano, et le notai aussi rapidement que si je l’avais su par cœur depuis longtemps. Un juge sévère y découvrira quelques réminiscences : les Rêves[2] y reviennent. Tu me pardonneras, cependant ! — Chérie ! — Non ! n’éprouve jamais de remords de ton amour pour moi ! C’est divin ! —

1er Janvier.

Non, ne les regrette jamais, ces témoignages d’amour, qui furent l’ornement de ma pauvre vie ! Je ne les connaissais point, ces fleurs de délices, épanouies sur le sol vierge d’un amour noble entre tous ! Ce que j’avais rêvé en poète, allait devenir la miraculeuse réalité, un jour ; sur la banalité de mon existence terrestre devait, un jour, tomber cette rosée de délices vivifiante et transfiguratrice ! Je ne l’avais jamais espéré, et maintenant il me semble que j’avais prévu cet

  1. Tristan : acte II, scène II.
  2. Un des cinq Poëmes de Mathilde Wesendonk, mis en musique par Wagner.
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