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bras. Lorsqu’arriva l’Érard, il ne put me charmer vraiment que parce que, après la tourmente, ton amour profond et inaltérable m’apparut avec plus de certitude, plus d’évidence que jamais. Avec toi, je puis tout ; sans toi, rien. Rien ! Ne te laisse point égarer par l’expression d’une âme sereine et calme, qui formait la conclusion de mon journal : elle n’était que le reflet de ta hauteur d’âme digne et belle. Tout en moi s’écroule, dès que je remarque le plus léger désaccord entre nous. Crois-moi, mon unique ! Tu me tiens dans tes mains ; c’est avec toi seule que je puis arriver au but suprême. —

Après cette nuit terrible, je viens à toi avec cette supplication : — aie confiance en moi, une confiance absolue, illimitée ! Et cela veut uniquement dire : sois persuadée que je puis tout avec toi, rien sans toi !….

Ainsi, tu sais qui dispose de moi, de mes souffrances, de mes actes ; c’est toi, même quand il m’arrive de me méprendre à ton sujet. Et ainsi je suis sûr de toi. Tu ne m’abandonneras pas, tu ne voudras pas ne plus me parler ; tu m’accompagneras fidèlement à travers la misère et la détresse. Tu ne peux agir autrement ! Cette nuit, j’ai conquis un nouveau droit sur toi : — tu ne peux pas me savoir rendu à la vie, et me refuser n’importe quelle faveur !

Aide-moi donc ! Car, moi aussi, je veux venir à ton aide, fidèlement…. Aide-moi à

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