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de la politique. Vous trouverez par delà un idiome poussé de ton, nourri, vigoureux, rabelaisien, aidé à tous moments de termes comiques ou grossiers venant à bien, mi timbre juste, un esprit de saillies remarquaJjle, ime dialectique serrée, mi gros bon sens carré et plébéien. Un jom* viendra — quand pour juger les œuvres on ne se rappellera plus quelles mains ont tenu les plumes, — où l’on reconnaîtra esprit, oinginalité, éloquence même, peut-être la seule véritable éloquence de la Révolution, aux Père Duchêne et surtout à Hébert. »

Et dans leur Journal, après un dîner— de Magny, les Concourt redoublent :

« Il nous vient im dégoût, presque un mépris des dîneurs de Magny, Penser que c’est la réunion des esprits les plus Uljres de France, et cependant, en dépit de l’originalité de leur talent, quelle misère d’idées bien à eux, d’opinions faites avec leurs nerfs, avec leurs sensations propres, et quelle absence de persoimalité, de tempérament ! Chez tous, quelle peur bourgeoise de l’excessif ! Ce soir, nous avons failli nous faire lapider pour soutenir que Hébert, l’auteur du Père Duchêne — que du reste personne de la table n’a lu — avait du talent. Sainte-Beuve a professé que la preuve qu’il n’en avait pas, c’est que ses contemporains ne lui en avaient pas reconnu. »

Je souscris, cela va de soi, au jugement des Concourt, mais ne a^ous hâtez pas d’inférer de ma sévérité pour les petits-fils d’Hébert, qu’elle me met en contradiction avec moi-même.

L’apologiste des HéberListes, Gustave Tridon, a, de