Page:Voyages de Francois Bernier (éd. 1710), vol. 1.pdf/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
du grand Mogol.

Chah-Jehan voyant les affaires broüillées, n’ayant plus de General, croyant Chah-Jehan mort, ou malade à l’extrémité, & conſiderant les grandes promeſſes qu’on leur faiſoit de leur augmenter leur ſolde, & de leur donner dès l’heure même trois mois d’avance, prirent bien-tôt parti ſous Aureng-Zebe ; qui s’étant emparé de tout l’équipage de l’Émir, juſqu’a ſes chameaux & ſes tentes, ſe mit en campagne à deſſein de s’en aller au Siège de Sourate, & d’en hâter la priſe, où Morad-Bakche étoit fort embarraſſé à cauſe que ſes meilleures Troupes y étoient occupées, & qu’il y trouvoit plus de reſiſtance qu’il ne s’étoit imaginé : mais Aureng-Zebe, après quelques journées de marche, apprit que le Gouverneur avoit rendu la place, de quoi il envoya féliciter Morad-Bakche, & en même temps l’informer de tout ce qui s’étoit paſſé avec l’Émir-Jemla, & lui dire qu’il avoit aſſez de forces & aſſez d’argent, & d’intelligences à la Cour ; que rien ne leur manquoit ; qu’il s’en alloit couper droit vers Brampour & Agra ; qu’il l’attendroit ſur le chemin, & qu’il ſe depéchât de le venir joindre.

Il eſt vrai que Morad-Bakche ne trou-

-va