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du grand Mogol.

voient qu’il ne ſe fît trop puiſſant ; & cependant il n’en témoigna jamais aucun reſſentiment, diſant ſimplement qu’il faloit obeïr aux ordres de Chah-Jehan ; il ne ſe retira pas neanmoins ſans ſe bien faire payer ſous main des frais de ſon voyage ; il maria même ſon fils Sultan Mahmoud avec la fille aînée du Roi avec promeſſe qu’il le fairoit ſon ſucceſſeur, lui faiſant donner cependant pour dot la fortereſſe & les appartenances de Ram-guyre. Il fit outre cela conſentir au Roi que toute la Monnoye d’argent qui ſe fairoit deſormais dans le Royaume porteroit d’un côté la marque de Chah-Jehan, & que l’Émir-Jemla ſe retireroit avec toute ſa famille, ſes biens, ſes troupes, & ſon artillerie.

Ces deux grands hommes ne furent pas long-temps enſemble ſans former de grands deſſeins ; en chemin faiſant ils aſſiégerent & prirent Bider, une des plus fortes & importantes places du Viſapour, & de là s’en vinrent à Daulet-Abad, où ils lierent une amitié ſi étroite qu’Aureng-Zebe ne pouvoit vivre ſans voir l’Émir deux fois le jour, ni l’Émir ſans voir Aureng-Zebe. Leur union commença à donner le branle aux choſes, & jetta les premiers fondemens de la Royauté d’Aureng-Zebe.

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