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du grand Mogol.

tes avec ſon armée. Mais un jour qu’on lui donnoit de plus particulières nouvelles de ce qui s’êtoit paſſé entre ſa mere & lui, il n’eut pas la force de diſſimuler davantage, & ſe laiſſa emporter à la co­lere, aux injures, & aux menaces ; de quoi l’Émir fut bien-tôt averti, d’autant qu’il avoit à la Cour quantité de parens du côté de ſa femme, que tous ſes parens & amis étoient dans les premieres charges, & que la mere du Roy, qui ne le haïſſoit point, en eut bien-tôt des nouvelles : ce qui obligea l’Émir d’écrire promtement à ſon fils unique Mahmet Émir-kan, qui étoit pour lors auprès du Roi, & de lui mander qu’il fît tous ſes efforts pour ſe retirer au plûtôt de la Cour ſpus quel­que pretexte de chaſſe ou autrement, & enſuite l’aller joindre ; Mahmet Émir-kan ne manqua pas de tenter pluſieurs moyens, mais comme le Roi le faiſoit obſerver de près, pas un ne pût reüſſir : ce qui embaraſſa fort l’Émir, & lui fit prendre une reſolution tout-à-fait étrange, laquelle mit le Roi en grand dan­ger de perdre ſa Couronne & ſa vie ; tant il eſt vrai que qui ne ſçait pas diſſimuler ne ſçait pas régner. Il écrit à Aureng-Zebe qui étoit pour lors dans Dau-

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