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du grand Mogol.

le faire pancher du côté que bon lui ſembloit. Elle étoit extrêmement riche des grandes penſions qu’elle avoit, & des grands preſens qu’elle recevoit de toutes parts pour les affaires où elle s’employoit, & faiſoit beaucoup de depenſe, étant très-liberale & très-genereuſe. Elle s’attacha entièrement à Dara, s’intereſſa dans ſon parti & ſe déclara ouvertement pour lui ; ce qui ne contribuoit pas peu a faire reüſſir les affaires de Dara, & à le maintenir dans l’amitié de ſon pere ; car elle le ſuportoit en tout & l’avertiſſoit de tout ; neanmoins ce n’étoit pas tant à cauſe qu’il étoit l’aîné, & elle l’aînée, comme diſoit le peuple, que parce qu’il lui promettoit que ſi tôt qu’il ſeroit Roi, il la marieroit, ce qui eſt tout à fait extraordinaire & ne ſe voit preſque jamais dans l’Hindouſtan, parce que le mari d’une Princeffe ne pouvant étre que très-puiſſant, ſeroit toujours ſoupçonné d’avoir quelque pretenſion à la Couronne, outre que les Roys eſtiment ſi fort leur rang, qu’ils ne croyent pas qu’il ſe puiſſe trouver un parti digne de leurs filles.

Je ne craindrai pas de dire ici un mot de quelques intrigues d’amour

de