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du grand Mogol.

un certain Religieux qui y avoit paſſe ſous le nom de Medecin Grec, & que jamais on ne me laiſſeroit ſortir du païs. Ces conſiderations, & quelques autres encore que je pourrai dire ailleurs, me firent changer de deſſein : Je m’embarquai ſur un vaiſſeau Indien, je paſſai le Détroit, & en vingt-deux jours j’arrivai au Port de Sourate dans l’Hindouſtan Empire du grand Mo­gol. Je trouvai là que celui qui regnoit pour lors s’appelloit Chah-Jehan, c’eſt-à-dire Roi du monde, qui ſelon les Hiſtoires du Païs étoit fils de Jehan-Guire, qui ſignifie preneur de monde, petit fils d’Ekbar, que nous dirions le Grand, & qu’ainſi en remontant par Houmayons ou le Fortuné, pére d’Ekbar & ſes autres predeceſſeurs, il étoit le dixiéme des décendans de ce Timur-Lengue, qui veut dire Seigneur ou Prince boiteux, & que par corruption de nom nous appellons communément Tamerlan, ſi célébre par ſes conquêtes, qui épouſa ſa proche parente la fille uni­que au Prince des peuples de la grande Tartarie appellez Mogols, qui ont laiſſé & communiqué leur nom aux Étrangers qui gouvernent à préſent l’Indouſtan, le païs des Indoùs ou Indiens ; quoi que ceux qui entrent dans les Charges & Dignitez, &

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