Tous les hommes qui ont considéré avec attention les matériaux
dont est construite la Terre que nous habitons, ont été
forcés de reconnoître que ce Globe a essuyé de grandes révolutions,
qui n’ont pu s’accomplir que dans une longue suite
de siecles. On a même trouvé dans les traditions des anciens
Peuples, des vestiges de quelques-unes de ces révolutions.
Les Philosophes de l’antiquité exercerent leur génie à tracer
l’ordre & les causes de ces vicissitudes ; mais plus empressés
de deviner la Nature, que patients à l’étudier, ils s’appuyerent
sur des observations imparfaites & sur des traditions défigurées
par la Poésie & par la superstition ; & ils forgerent des
Cosmogonies ; ou des systêmes fur l’origine du monde, plus
faits pour plaire à l’imagination, que pour satisfaire l’esprit par
une fidele interprétation de la Nature.
Il s’est écoulé bien du tems avant qu’on ait su reconnoître, que cette branche de l’Histoire Naturelle, de même que toutes les autres ne doit être cultivée que par le secours de l’observation ; & que les systêmes ne doivent jamais être que les résultats ou les conséquences des faits.
La science qui rassemble les faits, qui seuls peuvent servir