pas laissé passer une seule année sans faire de grandes courses, & même des voyages pour l’étude des montagnes. Dans cet espace de tems, j’ai traversé quatorze fois la chaîne entiere des Alpes par huit passages différens ; j’ai fait seize autres excursions jusques au centre de cette chaîne ; j’ai parcouru le Jura, les Vosges, les montagnes de la Suisse, d’une partie de l’Allemagne, celles de l’Angleterre, de l’Italie, de la Sicile & des Isles adjacentes ; j’ai visité les anciens Volcans de l’Auvergne, une partie de ceux du Vivarais, & plusieurs montagnes du Forez, du Dauphiné & de la Bourgogne. J’ai fait tous ces voyages, le marteau du mineur à la main, sans aucun autre but que celui d’étudier l’Histoire Naturelle, gravissant sur toutes les sommités accessibles qui me promettoient quelqu’observation intéressante, & emportant toujours des échantillons des mines & des montagnes, de celles surtout qui m’avoient présenté quelque fait important pour la Théorie, afin de les revoir & de les étudier à loisir. Je me suis même imposé la loi sévere de prendre toujours sur les lieux, les notes de mes observations, & de mettre ces notes au net dans les vingt-quatre heures, autant que cela étoit possible.
Une précaution que j’ai employée & qui, à ce que je crois, m’a été d’une très-grande utilité, c’est de préparer à l’avance pour chaque voyage, un agenda systêmatique & détaillé des recherches auxquelles ce voyage étoit destiné. Comme le Géologue observe & étudie, pour l’ordinaire en voyageant,
