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sont point des végétaux: ils sont l'ouvrage de petits animaux qui travaillent en société.

LA DAME.

Je ne m'en serais jamais doutée.

LE VOYAGEUR.

Il y a quelque chose de plus merveilleux. Vous voyez avec mes madrépores, des arbrisseaux qui ont de véritables feuilles, et dont les branches sont flexibles comme le bois: ce sont des lithophytes. Ces lithophytes et ces coraux sont également l'ouvrage de petits animaux marins.

LA DAME.

Mais enfin, quelle preuve en a-t-on?

LE VOYAGEUR.

On les a vus avec de bons microscopes. La chimie a fait sur eux quelques expériences toujours un peu douteuses, parce qu'elle ne raisonne que sur ce qu'elle détruit[1]. Enfin on a conclu que ces ouvrages si réguliers devaient appartenir

[Footnote 1: Lorsque la chimie décompose une pêche ou un melon, elle trouve le même résultat. Une plante vénéneuse et une plante alimentaire, paraissent, dans ses opérations, formées des mêmes élémens. Il est vrai qu'en brûlant des matières animales, il s'en exhale une odeur alkaline, qui se retrouve dans la combustion des madrépores: mais nous avons des plantes végétales qui, même sans être détruites, ont le goût de l'odeur de la viande bouillie, de la morue sèche, etc. D'ailleurs, comment imaginer qu'il y ait une différence réelle entre les élémens du végétal et de l'animal, lorsqu'on voit un bœuf changer en sa substance l'herbe d'un pré?]