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détachée, et formée d'un gros rocher, dont les assises représentent la crinière. Le corps est composé de croupes de différentes collines. De la tête du Lion on signale les vaisseaux par un pavillon.

En cet endroit le vent nous manqua, parce que le Lion nous mettait à l'abri; il fallait, pour entrer dans la baie, passer entre l'île Roben, que nous voyions à gauche devant nous, et une langue de terre appelée la pointe aux Pendus, qui se trouve au pied du Lion. Nous en étions à deux portées de canon, et notre impatience redoublait. C'est de là que l'on aperçoit les vaisseaux en rade, et l'Indien n'en devait pas être le moins remarquable.

Enfin, la marée nous avançant peu à peu, nous vîmes, des hunes, se développer successivement douze vaisseaux qui étaient au mouillage; mais aucun d'eux ne portait le pavillon français: c'était la flotte de Batavia.

Nous jetâmes l'ancre à l'entrée de la baie. A trois heures après midi, le capitaine du port vint à bord, et nous assura que l'Indien n'avait point paru.

Nous voyions, au fond de la baie, la montagne de la Table, la terre la plus élevée de toute cette côte. Sa partie supérieure est de niveau, et escarpée de tous côtés, comme un autel; la ville est au pied, sur le bord de la baie. Il s'amasse souvent sur la Table une brume épaisse, entassée et blanche comme la neige. Les Hollandais disent