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jeux du premier âge, ces jours si pleins, sans prévoyance et sans amertume ? La prise d’un oiseau me comblait de joie. Que j’avais de plaisir à caresser une perdrix, à recevoir ses coups de bec, à sentir dans mes mains palpiter son cœur et frissonner ses plumes ! Heureux qui revoit les lieux où tout fut aimé, où tout parut aimable, et la prairie où il courut, et le verger qu’il ravagea ! Plus heureux qui ne vous a jamais quitté, toit paternel, asile saint ! Que de voyageurs reviennent sans trouver de retraite ! De leurs amis, les uns sont morts, les autres éloignés ; une famille est dispersée ; des protecteurs… Mais la vie n’est qu’un petit voyage, et l’âge de l’homme un jour rapide. J’en veux oublier les orages pour ne me ressouvenir que des services, des vertus et de la constance de mes amis. Peut-être ces lettres conserveront leurs noms, et les feront survivre à ma reconnaissance ! Peut-être iront-elles jusqu’à vous, bons Hollandais du Cap ! Pour toi, Nègre infortuné qui pleures sur les rochers de Maurice, si ma main, qui ne peut essuyer tes larmes, en fait verser de regret et de repentir à tes tyrans, je n’ai plus rien à demander aux Indes, j’y ai fait fortune !

D. S. P.

À Paris, ce 1er janvier 1773.