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peint très-naïvement les mœurs des Brésiliens, et ses aventures personnelles. De ces différens génies, on en composerait un excellent; mais chacun n'a que le sien; témoin ce marin qui écrivit sur son journal «qu'il avait passé à quatre lieues de Ténériffe, dont les habitans lui parurent fort affables.»

Il y a des voyageurs qui n'ont qu'un objet, celui de rechercher les monumens, les statues, les inscriptions, les médailles, etc. S'ils rencontrent quelque savant distingué, ils le prient d'inscrire son nom et une sentence sur leur album. Quoique cet usage soit louable, il conviendrait mieux, ce me semble, de s'enquérir des traits de probité, de vertu, de grandeur d'âme, et du plus honnête homme de chaque lieu: un bon exemple vaut bien une belle maxime. Si j'eusse écrit mes voyages du Nord, on eût vu sur mes tablettes les noms de Dolgorouki, de Munnich, du palatin de Russie Czartorinski, de Duval, de Taubenheim, etc. J'aurais parlé aussi des monumens, surtout de ceux qui servent à l'utilité publique, comme l'arsenal de Berlin, le corps des Cadets de Pétersbourg, etc. Quant aux antiquités, j'avoue qu'elles me donnent des idées tristes. Je ne vois dans un arc de triomphe qu'une preuve de la faiblesse d'un homme: l'arc est resté, et le vainqueur a disparu.

Je préfère un cep de vigne à une colonne, et j'aimerais mieux avoir enrichi ma patrie d'une