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Il est assez singulier qu'il n'y ait eu aucun voyage publié par ceux de nos écrivains qui se sont rendus les plus célèbres dans la littérature et philosophie. Il nous manque un modèle dans un la genre si intéressant, et il nous manquera long-temps, puisque messieurs de Voltaire, d'Alembert, de Buffon et Rousseau ne nous l'ont pas donné. Montaigne et Montesquieu avaient écrit leurs voyages, qu'ils n'ont pas fait paraître. On ne peut pas dire qu'ils aient jugé suffisamment connus, les pays de l'Europe où ils avaient été puisqu'ils ont donné tant d'observations neuves sur nos mœurs, qui nous sont si familières. Je crois que ce genre, si peu traité, est rempli de grandes difficultés. Il faut des connaissances universelles, de l'ordre dans le plan, de la chaleur dans le style, de la sincérité; et il faut parler de tout. Si quelque sujet est omis, l'ouvrage est imparfait; si tout est dit, on est diffus, et l'intérêt cesse.

Nous avons cependant des voyageurs estimables. Addisson me paraît au premier rang; par malheur, il n'est pas Français; Chardin a de la philosophie et des longueurs; l'abbé de Choisy sauve au lecteur les ennuis de la navigation; il n'est qu'agréable; Tournefort décrit savamment les monumens et les plantes de l'Archipel; mais on voudrait voir un homme plus sensible sur les ruines de la Grèce; La Hontan spécule et s'égare quelquefois dans les solitudes du Canada; Léry