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qui souvent ne lit point la préface. Il vaut mieux ce me semble, attendre à la fin, au moment où il est prêt à porter son jugement. Il est impossible alors que le lecteur échappe, et ne fasse pas attention aux excuses de l'auteur. Voici les miennes.

J'ai fait cet ouvrage aussi bien qu'il m'a été possible, et rien ne m'a manqué pour lui donner toute la perfection dont je suis capable. S'il est mal fait, ce n'est donc pas ma faute; car on n'a tort de mal faire que quand on peut faire mieux.

S'il y a des défauts dans le style, je serai très-aise qu'on les relève, je m'en corrigerai. Depuis dix ans que je suis hors de ma patrie,j'oublie ma langue, et j'ai observé qu'il est souvent plus utile de bien parler que de bien penser, et même que de bien agir.

Mes conjectures et mes idées sur la nature sont des matériaux que je destine à un édifice considérable. En attendant que je puisse l'élever, je les livre à la critique. Les bonnes censures sont comme ces dégels, qui dissolvent les pierres tendres, et durcissent les pierres de taille. Il ne me resterait qu'une bonne observation, que j'en ferais usage. On dit qu'un saint commença avec un seul moellon un bâtiment qui est devenu une magnifique abbaye. Il fit ce miracle avec le temps et la patience; mais je pourrais bien avoir perdu l'un et l'autre.

C'est assez parler de moi, passons à des objets plus importans.