on fit petites voiles. Le matin nous longeâmes l'île de Grois, et nous vînmes au mouillage.
Les commis des fermes, suivant l'usage, montèrent sur le vaisseau; après quoi, une infinité de barques de pêcheurs nous abordèrent. On acheta du poisson frais; on se hâta de préparer un dernier repas; mais on se levait, on se rasseyait, on ne mangeait point; nous ne pouvions nous lasser d'admirer la terre de France.
Je voulais débarquer avec mon équipage; on appelait en vain les matelots; ils ne répondaient plus. Ils avaient mis leurs beaux habits: ils étaient saisis d'une joie muette; ils ne disaient mot: quelques-uns parlaient tout seuls.
Je pris mon parti; j'entrai dans la chambre du capitaine pour lui dire adieu. Il me serra la main, et me dit, les larmes aux yeux: J'écris à ma mère. De tous côtés je ne voyais que des gens émus. J'appelai un pêcheur, et je descendis dans sa barque. En mettant pied à terre, je remerciai Dieu de m'avoir enfin rendu à une vie naturelle.
LETTRE XXVIII et dernière.
SUR LES VOYAGEURS ET LES VOYAGES.
Il est d'usage de chercher au commencement
d'un livre à captiver la bienveillance d'un lecteur