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barres du perroquet, et on mit le cap au nord-est pour tâcher d'avoir connaissance de terre avant le soir.

A quatre heures nous vîmes un petit chasse-marée: on le questionna; il ne put rien nous répondre; le mauvais temps l'avait mis hors de route. A cinq heures on cria terre! terre à bâbord! nous courûmes aussitôt sur le gaillard d'avant; quelques-uns grimpèrent dans les haubans. Nous vîmes distinctement, à l'horizon, des rochers qui blanchissaient: on assura que c'étaient les rochers de Pennemarck. Nous mîmes, le soir, en travers, et nous fîmes des bords toute la nuit. Au point du jour, nous aperçûmes la côte à trois lieues devant nous; mais personne ne la reconnaissait. Il faisait calme; nous brûlions d'impatience d'arriver. Enfin on aperçut une chaloupe: nous la hélâmes; on nous répondit C'est un pilote. Quelle joie d'entendre une voix française sortir de la mer! Chacun s'empressait, sur les lisses, à voir monter le pilote à bord. Bonjour, mon ami, lui dit le capitaine, quelle est cette terre? C'est Belle-Ile, mon ami, répondit ce bon homme. Aurons-nous du vent? S'il plaît à Dieu, mon ami.

Il avait de gros pain de seigle, que nous mangeâmes de grand appétit, parce qu'il avait été cuit en France.

Le calme dura tout le jour, vers le soir le vent fraîchit. L'équipage passa la nuit sur le pont: