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dent pouvait nous faire périr du genre de mort le plus effroyable.

Le 16 mai, on exerça les matelots à tirer au blanc, sur une bouteille suspendue à l'extrémité de la grande vergue: on essaya les canons; nous en avions cinq. Cet exercice militaire se faisait dans la crainte d'être attaqués par les Saltins. Heureusement nous n'en vîmes point. Nous avions de si mauvais fusils, qu'à la première décharge l'un d'eux creva près de moi, dans la main, d'un matelot, et le blessa dangereusement.

Le 17, j'aperçus en plein midi, sur la mer, une longue bande verdâtre dirigée nord et sud. Elle était immobile; elle avait près d'une demi-lieue de longueur. Le vaisseau passa à son extrémité sud: la mer n'y était point houleuse. J'appelai le capitaine, qui jugea, ainsi que ses officiers, que c'était un haut-fond: il n'est pas marqué sur les cartes. Nous étions par la hauteur des Açores.

Le 20 mai, nous trouvâmes un vaisseau anglais allant en Amérique. Il nous apprit que nous étions par les 23 degrés de longitude, ce qui nous mettait 140 lieues plus à l'ouest que nous ne croyions.

Le 22 mai, par les 46 degrés 45 minutes de latitude nord, nous crûmes voir un récif où la mer brisait. Comme il faisait calme, on mit le canot à la mer. C'était un banc d'écume formé par des