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qui avaient eu à éprouver le mauvais temps et la disette de vivres.

On compte neuf cents lieues de Bourbon au Cap. Le 6 janvier 1771, nous vîmes le matin la pointe de Natal, à dix lieues devant nous. Nous comptions dans trois jours être à bord de l'Indien. Nous avions eu jusqu'à ce jour vent arrière. Il fit calme le soir, et une chaleur étouffante. A minuit le ciel était très-enflammé d'éclairs, et l'horizon couvert partout de grands nuages redoublés. La mer étincelait de poissons qui s'agitaient autour du vaisseau.

A trois heures de nuit, le vent contraire s'éleva de l'ouest avec tant de violence, qu'il nous obligea de mettre à la cape sous la misaine. La tempête jeta à bord un petit oiseau semblable à une mésange. L'arrivée des oiseaux de terre sur les vaisseaux est toujours signe d'un très-mauvais temps, car c'est une preuve que le foyer de la tempête est fort avant dans les terres.

Le troisième jour du coup de vent, nous nous aperçûmes que notre mât de misaine avait fait un effort à quatre pieds au-dessus du gaillard; on serra la voile, on relia le mât de cordages et de pièces de bois, et nous tînmes la cape sous la grande voile.

La mer était monstrueuse et nous cachait l'horizon. On fut fort surpris de voir, a une portée de canon, un vaisseau hollandais manœuvrant comme nous: il fut impossible de lui parler. Le