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temps-là, en les mettant tantôt sur le ventre, tantôt sur le dos, et on les arrosait d'eau de mer plusieurs fois par jour.

La chair de tortue est une bonne nourriture, mais on s'en lasse bien vite. Cette chair est toujours dure, et les œufs sont d'un goût très-médiocre.

Nous repassâmes la Ligne avec des calmes et quelques orages. Les courans portaient sensiblement au nord: il y a apparence que c'étaient des contre-courans du courant général du nord. Plus d'une fois, il nous firent faire, sans vent, 10 lieues en 24 heures. Le 28 avril, nous vîmes une éclipse de lune, dont le milieu à 11 heures de nuit; nous étions par le 32^e degré de latitude nord. Nous éprouvâmes, à cette hauteur, plusieurs jours de calme. On prétend que ces calmes sont comme autant de limites entre différens règnes des vents. Depuis le 28^e degré nord jusqu'au 32^e, nous trouvâmes la mer couverte d'une plante marine, appelée grappe-de raisin; elle était remplie de petits crabes et de frai de poisson. C'est peut-être un moyen dont la nature se sert pour peupler les rivages des îles, d'animaux qui ne pourraient s'y transporter autrement; les poissons des côtes ne se rencontrent jamais en pleine mer.

Nous avions vu, avec une grande joie, l'étoile polaire reparaître sur l'horizon; et, chaque nuit, nous la voyions s'élever avec un nouveau plaisir.