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ladies, un remède que le seul instinct a appris aux matelots scorbutiques.

Nous passâmes encore cette nuit à terre. A dix heures du soir, je fus me baigner dans une petite anse, qui est entre la grande et le débarquement. Elle est entourée d'une chaîne de rochers en demi-cercle. Au fond de cette anse, le sable est élevé de plus de quinze pieds, et va en pente jusqu'à la mer. A l'entrée, il y a plusieurs bancs de rochers à fleur d'eau. La mer, qui était fort agitée, s'y brisait avec un bruit terrible, et venait se développer bien avant dans la petite baie. Je me tenais accroché aux angles des rochers, et les vagues, en roulant, venaient me passer quelquefois jusque sur la tête.

Le 24 au matin, la barre se trouva très-grosse. La digue mit son pavillon, et nous fit signal de départ. Il n'était plus possible à la chalouppe de mettre à terre au lieu ordinaire du débarquement. Elle fut prendre dans la baie une douzaine de tortues qu'on avait réservées, et revint ensuite mouiller un grappin à une demi-portée de fusil du lieu où nous étions. Les matelots les plus vigoureux se mirent tout nus; et, profitant de l'instant où la lame quittait le rivage, ils portaient en courant les effets et les passagers.

J'ai fait remarquer à l'officier qu'elle était suffisamment chargée. Il restait vingt hommes à terre, il y en avait autant sur son bord. Il voulut