Page:Voyage A L'Ile-De-France ; Tome Second.pdf/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

entre l'Afrique et l'Amérique, elle a échappé à l'esclavage qui a flétri ces deux vastes continens. Elle est commune à toutes les nations, et n'appartient à aucune. Il est rare cependant d'y voir mouiller d'autres vaisseaux que des anglais et des français, qui s'y arrêtent en revenant des Indes. Les Hollandais, qui relâchent au Cap, n'ont pas besoin de chercher de nouveaux vivres.

L'air de l'Ascension est très-pur. J'y ai couché deux nuits à l'air, sans couverture: j'y ai vu tomber de la pluie, et les nuages s'arrêter au sommet de la Montagne verte, qui ne m'a paru guère plus élevée que Montmartre. C'est sans doute un effet de l'atttraction, qui est plus sensible sur la mer que sur la terre.

Lorsqu'on débarque dans cette île quelque matelot scorbutique, on le couvre de sable, et il éprouve un soulagement très-prompt. Quoique je me portasse bien, je me tins quelque temps les jambes dans cette espèce de bain sec, et j'éprouvai, pendant plusieurs jours, une agitation extraordinaire dans mon sang; je n'en sais pas trop la raison. Je crois cependant que ce sable n'étant formé que de parties calcaires, il aspire sur la peau où il s'attache, les humeurs internes; à peu près comme ces pierres absorbantes que l'on pose sur les piqûres des bêtes venimeuses, en tirent le venin. Il serait à souhaiter que quelque habile médecin essayât sur d'autres ma-