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Diane parut dans les taillis, et le temple de Vénus éleva sa coupole au-dessus des forêts.

Mais lorsqu’un habitant de ces belles contrées fut obligé de chercher au nord une nouvelle patrie, lorsqu’il eut pénétré avec sa famille malheureuse sous l’ourse glacée, dieux ! quel fut son effroi aux approches de l’hiver ! Le soleil paraissait à peine au-dessus de l’horizon, son disque était rouge et ténébreux ; le souffle des vents faisait éclater le tronc des sapins ; les fontaines se figeaient, et les fleuves s’étaient arrêtés ; une neige épaisse couvrait les prés, les bois et les lacs ; les plantes, les graines, les sources, tout ce qui soutient la vie, était mort. Ou ne pouvait même ni respirer, ni toucher à rien, car la mort était dans l’air, et la douleur sortait de tous les corps. Ah ! quand cet infortuné entendit les cris de ses enfans que le climat dévorait, quand il vit sur leurs joues les larmes se vitrifier, et leur< ! -— leurs —-> bras tendus vers lui se raidir… qu’il eut d’horreur de ces retraites funestes ! Osa-t-il espérer une postérité de la nature, et des moissons de ces campagnes de fer ! Sa main dut frémir d’ouvrir un sol qui tuait ses habitans. Il ne lui resta que de joindre sa misère à celle d’un troupeau, de chercher avec lui la mousse des arbres, et d’errer sur une terre où le repos coûtait la vie. Seulement il s’y creusa des tanières, et si, dans la suite, on vit du sein de ces neiges sortir quelque monument, sans doute ce fut un tombeau.