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parcouru plus de huit cents lieues, et je ne me rappelle pas y avoir vu aucun monument ancien. Cependant les sociétés nombreuses laissent des traces durables; et, depuis le petit clocher d'un village jusqu'aux pyramides d'Égypte, toute terre qui fut cultivée porte des témoignages de l'industrie humaine. Les champs de la Grèce et de l'Italie sont couverts de ruines antiques; pourquoi n'en trouve-t-on pas en Russie et en Pologne? C'est que les hommes ne se multiplient qu'avec les fruits de la terre; c'est que le nord de l'Europe était inculte lorsque le midi était couvert de moissons, de vignobles et d'oliviers[1]. Ces peuples, dans l'abondance, élevèrent des autels à tous les biens. Cérès, Pomone, Bacchus, Flore, Palès, les Zéphirs, les Nymphes, etc., tout ce qui était plaisir, fut divinité. La jeune fille offre des colombes à l'Amour, des guirlandes aux Grâces, et priait[2] Lucine de lui donner un mari fidèle. La religion ne s'était point séparée de la nature; et comme la reconnaissance était dans tous les cœurs, la terre, sous un ciel favorable, se couvrait d'autels. On vit dans chaque verger le dieu des jardins, Neptune sur tous les rivages, l'Amour dans tous les bosquets: les Naïades eurent des grottes, les Muses des portiques, Minerve des péristyles; l'obélisque de

[Footnote 1: Voyez la note première, à la fin de ce volume.]

[Footnote 2: Voyez la note seconde, à la fin de ce volume.]