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ment est au pied d’une masse de rochers, que l’on aperçoit, du mouillage, à l’extrémité de l’anse sur la droite. Nous descendîmes sur un gros sable très-beau. Il est blanc, mêlé de grains rouges, jaunes, et de toutes les couleurs, comme ces grains d’anis appelés mignonnette. À quelques pas de là, nous trouvâmes une petite grotte dans laquelle est une bouteille, où les vaisseaux qui passent mettent des lettres. On casse la bouteille pour les lire, après quoi on les remet dans une autre.

Nous avançâmes environ cinquante pas, en prenant sur la gauche derrière les rochers. Il y a là une petite plaine, dont le sol se brisait sous nos pieds, comme s’il eût été glacé. J’y goûtai ; c’était du sel, ce qui me parut étranger, n’y ayant pas d’apparence que la mer vienne jusque là.

On apporta du bois, la marmite, et la voile du canot sur laquelle nos matelots se couchèrent en attendant la nuit. Ce n’est que sur les huit heures du soir que les tortues montent au rivage. Nos gens se reposaient tranquillement, lorsque l’un d’eux se leva en sursaut, en criant : Un mort ! voici un mort ! … En effet, à une petite croix élevée sur un monceau de sable, nous vîmes qu’on y avait enterré quelqu’un. Cet homme s’était couché dessus sans y penser ; aucun de nos matelots ne voulut rester là davantage : il fallut, pour leur complaire, avancer cent pas plus loin.