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aperçoit cette île de dix lieues, quoiqu'elle n'ait guère qu'une lieue et demie de diamètre. On y distingue un morne pointu, appelé la Montagne verte. Le reste de l'île est formé de collines noires et rousses, et les parties des rochers, voisines de la mer, étaient toutes blanches de la fiente des oiseaux.

En approchant, le paysage devient bien plus affreux. Nous longeâmes la côte pour arriver au mouillage, qui est dans le nord-ouest. Nous aperçûmes au pied de ces mornes noirs, comme les ruines d'une ville immense. Ce sont des rochers fondus, qui ont coulé d'un ancien volcan; ils se sont répandus dans la plaine et jusqu'à la mer, sous des formes très-bizarres. Tout le rivage, dans cette partie, en est formé. Ce sont des pyramides, des grottes, des demi-voûtes, des culs-de-lampe; les flots se brisent contre ces anfractuosités: tantôt ils les couvrent et forment, en retombant, des nappes d'écume; tantôt, trouvant des plateaux élevés, percés de trous, ils les frappent en dessous, et jaillissent au-dessus en longs jets d'eau ou en aigrettes. Ces rivages, noirs et blancs, étaient couverts d'oiseaux marins. Quantité de frégates nous entourèrent et volaient dans nos manœuvres, où on les prenait à la main.

Nous mouillâmes le soir à l'entrée de la grande anse. Je descendis dans le canot avec les gens destinés à la pêche de la tortue. Le débarque-