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vaisseau l'Africain vint mouiller au Cap; il venait y chercher des vivres; il était parti de l'Ile-de-France vers la mi-janvier. Il nous apportait des nouvelles de l'Indien: voici ce que nous en apprîmes.

Ce malheureux vaisseau avait perdu tous ses mâts dans la tempête; et après avoir tenu la mer plus d'un mois, il était enfin retourné à l'Ile-de-France, en si mauvais état, qu'on l'avait désarmé. Il avait reçu des coups de mer par ses hauts, qui avaient mouillé une partie de sa cargaison, et inondé la sainte-barbe au point que les malles des passagers y flottaient. Un honnête homme, appelé M. de Moncherat, m'écrivait qu'il s'était chargé de visiter les miennes à leur arrivée, et qu'à l'exception de ce qui était dans ma chambre, il y avait eu peu de dommage.

On nous raconta un événement bien étrange arrivé sur l'Indien. Entre les mauvais sujets qui viennent à l'Ile-de-France, on y avait fait passer un homme de bonne maison, appelé M. de ****. Il avait assassiné, en France, son beau-frère. Dans la traversée, il eut une querelle avec le subrécargue de son vaisseau. En arrivant à terre, en plein jour, sur la place publique, sans autre formalité, il le perça de son épée, et lui en rompit la lame dans le corps. Il s'enfuit dans les bois, d'où on le ramena en prison. Son procès fut fait, et il allait être condamné au sup-