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vice des engagés. Ce sont des Européens auxquels la Compagnie fait des avances, et que les habitans prennent chez eux, en rendant à l'administration ce qu'elle a déboursé.

Ils sont, pour l'ordinaire, économes sur les habitations. On est assez content d'eux les premières années; mais l'abondance où ils vivent les rend paresseux.

On ne donne point à jouer au Cap; on n'y fait point de visites. Les femmes veillent sur leurs domestiques et sur leur maison, dont les meubles sont d'une propreté extrême. Le mari s'occupe des affaires du dehors. Le soir, toute la famille réunie se promène et respire le frais, lorsque la brise est tombée. Chaque jour ramène les mêmes plaisirs et les mêmes affaires.

L'union la plus tendre règne entre les parens. Le frère de mon hôtesse était un paysan du Cap, venu de soixante-dix lieues de là. Cet homme ne disait mot, et était presque toujours assis à fumer sa pipe. Il avait avec lui un fils, âgé de dix ans, qui se tenait constamment auprès de lui. Le père mettait la main contre sa joue et le caressait sans lui parler; l'enfant, aussi silencieux que le père, serrait ses grosses mains dans les siennes, en le regardant avec des yeux pleins de la tendresse filiale. Ce petit garçon était vêtu comme on l'est à la campagne. Il avait dans la maison un parent de son âge habillé proprement; ces deux enfans allaient se promener ensemble avec la plus grande