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VOYAGE

tre les mêmes pavillons ; mais elle les a vus plus souvent se réunir dans ses rades, et y être en bonne intelligence, lorsque la discorde troublait les deux hémisphères. J’admirais cet heureux rivage que jamais la guerre n’a désolé, et qui est habité par un peuple utile à tous les autres par les ressources de son économie et l’étendue de son commerce. Ce n’est pas le climat qui fait les hommes. Cette nation sage et paisible ne doit point ses mœurs à son territoire : la piraterie, les guerres civiles agitent les régences d’Alger, de Maroc, de Tripoli ; et les Hollandais ont porté l’agriculture et la concorde à l’autre extrémité de l’Afrique.

J’amusais ma promenade par ces réflexions si douces, et si rares à faire dans aucun lieu de la terre : mais la chaleur du soleil m’obligea de chercher un abri. Il n’y en a point d’autre qu’à l’entrée du ravin. J’y trouvai mes camarades auprès d’une petite source où ils se reposaient. Comme ils s’ennuyaient, on décida le retour. Il était midi. Nous descendîmes, quelque-uns se laissant glisser assis, d’autres accroupis sur les mains et sur les pieds. Les rochers et les sables s’échappaient dessous nos pas. Le soleil était presque à pic, et ses rayons réfléchis par les rochers collatéraux, faisaient éprouver une chaleur insupportable. Souvent nous quittions le sentier, et courions nous cacher à l’ombre pour respirer sous quelque pointe de roc. Les genoux me man-