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comme un laboureur extirpe les ronces de la terre pour y planter des chênes. Si de noires épines en ont épuisé tous les sucs, si le sol est plein de roches, son rude travail n'est pas perdu: ses nerfs en acquièrent de nouvelles forces.

MON AMI.

Je travaillerai aussi pour la vérité sans tant de fatigues. Je me ferai journaliste. Je m'assiérai au rang de mes juges.

MOI.

Pourriez-vous vous abaisser à servir les haines d'autrui? N'en doutez pas, il y a des hommes qui n'aspirent qu'au retour de la barbarie. Ils se réjouissent de voir les gens de lettres en guerre. Ils excitent entre eux des querelles pour les livrer au mépris public S'ils le pouvaient, ils crèveraient les yeux au genre humain: ils le priveraient de la lumière comme de la vérité, pour le mieux asservir.

MON AMI.

Dieu me préserve d'être jamais de leur nombre! Je ferai le journal des journaux. Les auteurs fournissent aux journalistes la plupart des idées et des tirades dont ils remplissent leurs feuilles; les journalistes me fourniront à leur tour la malignité dont j'aurai besoin. Je tournerai contre eux leurs propres flèches, et je m'attirerai bientôt tous leurs lecteurs.