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où des études pénibles vous attendent à l'entrée, l'envie et la calomnie au milieu, des persécutions et l'infortune à la fin.

MOI.

Quoi! n'auriez-vous cultivé les lettres que dans la vaine espérance d'être honoré des hommes pendant votre vie? Rappelez-vous Homère.

MON AMI.

Qui voudrait cultiver les muses sans cette perspective de gloire qu'elles prolongent au loin sur notre horizon? Elle consola sans doute Homère pendant sa vie. Voyez comme elle s'est étendue après sa mort.

MOI.

Sans doute la gloire acquise par les lettres est la plus durable. Ce n'est même qu'à sa faveur que les autres genres de gloire parviennent à la postérité. Mais les monumens qui l'y transmettent, n'ont pas l'esprit de vie comme ceux de la nature. Ils sont de l'invention des hommes, et par conséquent caducs et misérables comme eux. Qu'est-ce qu'un livre, après tout? il est pour l'ordinaire conçu par la vanité; ensuite il est écrit avec une plume d'oie, au moyen d'une liqueur noire extraite de la galle d'un insecte, sur du papier fait de chiffon ramassé au coin des rues. On l'imprime ensuite avec du noir de fumée.