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donner à lui-même un air de sensibilité qui le rende recommandable à une multitude de ses lecteurs, qui se plaignent sans cesse d'en avoir trop, tandis qu'ils se repaissent tous les jours de ses sarcasmes? Vos ennemis louent les moindres parties de vos travaux, pour se donner le droit, en paraissant vos amis, de blâmer les plus importantes. Oui, je vous le dis avec franchise, les journalistes sont des pirates qui infectent toute la littérature, ainsi que les contrefacteurs. Ceux-ci, moins coupables, n'en veulent qu'à l'argent; les autres, soudoyés par divers partis, attaquent les réputations de ceux qui ne tiennent à aucun. Ils se coalisent entre eux, quoique sous divers pavillons; ils font la guerre aux morts et aux vivans. Quel sera désormais le sort des gens de lettres qui, sous les auspices des muses se dirigent vers la fortune et la gloire? A peine un jeune homme, riche de ses seules études s'embarque sur la mer des opinions humaines, qu'il est coulé à fond en sortant du port: il ne lui reste d'autre ressource que de prendre parti avec les brigands. C'est alors que, sans peine et presque sans travail, il sera payé, redouté, honoré, et pourra parvenir à tout.

MOI.

Vous tombez vous-même dans le défaut que vous leur reprochez. La passion vous rend in-