Page:Voyage A L'Ile-De-France ; Tome Second.pdf/181

Cette page n’a pas encore été corrigée


MOI.

Oh! cela est trop fort: il ne me blâme que sur le fond des choses, qu'il n'entend pas, et que peut-être, on le charge de blâmer; mais il me loue de bonne foi sur le style. Il dit positivement que je suis un des plus grands écrivains du siècle.

MON AMI.

Voilà un bel éloge!

MOI.

Sans doute, et l'un des plus beaux qu'on puisse donner aujourd'hui. Quel est l'homme de loi, par exemple, qui ne serait pas plus flatté de passer dans les affaires pour un fameux orateur, que pour un bon juge? la forme est tout, le fond est peu de chose. Celui-ci n'intéresse que les particuliers mis en cause; celle-là regarde le public, qui donne les réputations. Sachez donc que le rédacteur du feuilleton m'a donné la plus grande des louanges, et qu'il la préférerait pour lui-même à toutes celles dont on voudrait l'honorer, comme d'être juste, bon logicien, penseur profond, observateur éclairé. Les anciens pensaient à peu près là-dessus comme les modernes. Beaucoup de Romains en faisaient le principal mérite de Cicéron. J'ai ouï dire que ce père de l'éloquence latine, passant un jour sur la place aux