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mais on me dit que c'était le portrait d'une demoiselle Constantia, fille d'un gouverneur du Cap. Il avait fait bâtir cette maison avec de larges fossés, comme un château fort. Il se proposait d'en élever les étages, mais des ordres d'Europe en arrêtèrent la construction.

Nous trouvâmes le maître de la maison, fumant sa pipe, en robe de chambre. Il nous mena dans sa cave, et nous fit goûter de son vin. Il était dans de petits tonneaux, appelés alverames, contenant quatre-vingt-dix pintes, rangés dans un souterrain fort propre. Il en restait une trentaine. Sa vigne, année commune, en produit deux cents. Il vend le vin rouge 35 piastres l'alverame, et 30 le vin blanc. Ce bien lui appartient en propre. Il est seulement obligé d'en réserver un peu pour la Compagnie, qui le lui paie: voilà ce qu'il nous dit.

Après avoir goûté son vin, nous fûmes dans son vignoble. Le raisin muscat, que je goûtai, me parut parfaitement semblable au vin que je venais de boire. Les vignes n'ont point d'échalas, et les grappes sont peu élevées sur le sol. On les laisse mûrir jusqu'à ce que les grains soient à moitié confits par le soleil. Nous goûtâmes une autre espèce de raisins fort doux, qui ne sont pas muscats. On en tire un vin aussi cher, qui est un excellent cordial.

La qualité du vin de Constance vient de son terroir. On a planté des mêmes ceps, à la même