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borderais la rivière avec mon infanterie, je mettrais ma cavalerie sur les ailes; et avec trente mille hommes j'attendrais ici toutes les forces de l'empire. Vive Frédéric!» A peine s'était-il remis à fumer, qu'un officier russe prit la parole. «Je ne voudrais pas, dit-il vivre dans un pays comme la Silésie, ouvert à toutes les armées. Nos cosaques l'ont ravagée dans la dernière guerre, et sans nos troupes réglées qui les continrent, ils n'y auraient pas laissé une chaumière debout. C'est encore pis à présent. Les paysans peuvent y plaider contre leurs seigneurs. Les bourgeois y ont même de plus grands priviléges dans leurs municipalités. J'aime mieux les environs de Moscou.» Un jeune étudiant de Leipsick répondit aux deux officiers: «Messieurs, comment pouvez-vous parler de guerre dans des lieux si charmans? Permettez-moi de vous apprendre que le nom même de Silésie vient de Campi Elysii, Champs Élysiens. Il vaut mieux s'écrier avec Virgile:

. . . . . . . . . . . . . . . . .

Lycori,

. . . . . .

Hîc ipso tecum consumerer ævo.

ô Lycoris! c'est ici, qu'avec toi, je voudrais être dissous par le temps.» A ces mots, prononcés avec chaleur, une aimable marchande de modes de Paris, que l'ennui du voyage avait endormie, se réveilla, et à la vue de ce beau paysage, s'é-