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d'abricots, de raisins, de poires, de fromages, de beurre frais, de pain, de vin, de tabac et de pipes. A huit heures, on servait le thé et le café; à midi, un dîner très-abondant en gibier et en poisson. A quatre heures, le thé et le café; à huit, un souper comme le dîner. Ces bonnes gens mangeaient toute la journée.

Le prix de ces pensions n'allait pas autrefois à une demi-piastre, ou cinquante sous de France, par jour; mais des marins français, pour se distinguer des autres nations, le mirent à une piastre, et c'est aujourd'hui pour eux leur taux ordinaire.

Ce prix est excessif, vu l'abondance des denrées: il est vrai que ces endroits sont beaucoup plus honnêtes que nos meilleures auberges. Les domestiques de la maison sont à votre disposition; on invite à dîner qui l'on veut; on peut passer quelques jours à la campagne de l'hôte, se servir de sa voiture, tout cela sans payer.

Après dîner, je fus voir le gouverneur, monsieur de Tolback, vieillard de quatre-vingts ans, que son mérite avait placé à la tête de cette colonie depuis cinquante ans. Il m'invita à dîner pour le lendemain. Il avait appris ma position, et y parut sensible.

Je fus me promener ensuite au jardin de la Compagnie. Il est divisé en grands carrés arrosés par un ruisseau. Chaque carré est bordé d'une charmille de chêne de vingt pieds de hauteur.