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tourent d'une substance agréable et d'une couleur éclatante. Les oiseaux s'en nourrissent, et les ressèment dans les bois, qui en sont remplis. Ils avalent les fruits sans faire tort à la graine; elle est si dure, qu'elle échappe à leur digestion. Beaucoup de fruits mous, qui ont des noyaux, sont ressemés de la même manière. Cette ruse n'est pas réservée aux seuls animaux de notre hémisphère. La muscade est une espèce de pêche des Moluques; sa noix est d'un grand revenu aux Hollandais: ils la détruisent dans toutes les îles éloignées de leurs comptoirs, pour s'en réserver la récolte à eux seuls; mais elle repousse partout: c'est un oiseau marin qui la ressème après l'avoir avalée. Tant l'homme est faible quand il attaque la nature, une nation ne saurait détruire un végétal?

LA DAME.

Hélas! l'homme n'a pas été préservé avec tant de soin; des nations entières ont été exterminées par d'autres nations, sans qu'il en soit réchappé un seul. Mais il faut adorer la Providence: je l'admire dans sa prévoyance, que je n'aurais pas soupçonnée. Je croyais qu'un arbre laissait tout simplement tomber ses graines: je vois bien qu'elles auraient manqué d'air et d'espace, et, pour me servir de vos termes, que la métropole, en vieillissant, aurait anéanti toutes les colonies sous ses ruines. Mais l'idée de vos animaux est-elle bien conforme à l'action de cette Providence?