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paraît que chez ces peuples on ne fait point de détachement au dehors, sans unir chaque citoyen par le lien le plus puissant qui soit dans la nature. Nous faisions autrefois la même chose dans nos premiers établissemens au Mississipi. On y envoyait des vaisseaux tout chargés de nouveaux mariés.

Les mâles élèvent des pistils, au sommet desquels ils se logent dans des poussières dorées; de là ils se laissent tomber au fond des fleurs, où les attendent leurs épouses.

Il paraît que la fleur est l'ouvrage des femmes. Elle est formée avec de riches tentures de pourpre, de bleu céleste, ou de satin blanc. C'est une chambre nuptiale, d'où s'exhalent les plus doux parfums. Souvent c'est un vaste temple, où se célèbrent à la fois plusieurs hymens; alors chaque feuille est un lit, chaque étamine une épouse, et plusieurs familles viennent habiter sous le même toit.

Quelquefois les femelles paraissent seules sur un arbre, et les mâles sur un autre. Peut être, dans ces républiques, le sexe le plus fort subjugue le plus faible, et dédaigne de l'associer aux fêtes publiques, quoiqu'il s'en serve pour les besoins particuliers, à peu près comme les Amazones, qui avaient des esclaves mâles, mais qui ne s'alliaient qu'aux peuples libres.

Sur le palmier, la femelle dresse seule le lit conjugal; si le mâle, dans une forêt éloignée, aperçoit le temple de l'amour, il se laisse aller au gré