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parle. J'y ai vu de nos plantes potagères devenir vivaces, et de nos herbes devenir des arbrisseaux. Les Chinois font sur les arbres une expérience curieuse, qui prouve pour mon opinion. Ils choisissent, sur un oranger, une branche avec son fruit; ils environnent cet étranglement de de terre humide; il s'y forme un bourrelet et des racines: on coupe ce petit arbre, et on le sert sur la table avec son gros fruit. Si on l'avait laissé sur pied, n'aurait-il pas formé un second étage d'oranger?

La preuve donc que les arbres ne sont pas des machines, c'est qu'ils peuvent toujours croître, et qu'ils n'ont pas une grandeur déterminée.

LA DAME.

Vous n'avez évité un mauvais pas que pour tomber dans un autre. Selon vous, les arbres ne devraient jamais mourir. Un arbre étant une espèce de ville, dont les familles se reperpétuent, on devrait voir des chênes aussi vieux que Paris.

LE VOYAGEUR.

Tout a son terme; à la longue, les canaux s'obstruent. On prétend que les chênes vivent trois cents ans: trouvez-moi une ville dont les maisons aient duré si long-temps sans se renouveler. Les quartiers de Paris qui existaient il y a trois siècles, ne subsistent pas plus que les hommes qui les habitaient: il faut en excepter quelques édifices publics.