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Qu'un animal reste couché toute la vie, il ne lui viendra point de pattes sur le dos.

LA DAME.

Si le fait du saule renversé est vrai, comment l'expliquez-vous? Voyons votre système: après tout, j'aime mieux l'attaquer que de défendre le mien. La défense n'est pas aisée, et les hommes nous chargent toujours du rôle le plus difficile.

LE VOYAGEUR.

Je pense, madame, qu'un arbre est une république. Lorsqu'on a planté le long de ce ruisseau des branches de saule, les petits animaux qui y étaient renfermés se sont portés au plus pressé. On a laissé tous les accessoires. Les feuilles ont été abandonnées et sont tombées. Les uns se sont occupés à clore la brèche qu'on avait faite à leur habitation, en la fermant par un bourrelet. Les autres ont poussé en terre des galeries souterraines, pour chercher des vivres et des matériaux propres à la communauté. S'ils ont rencontré un rocher, ils se sont détournés, ou ils l'ont environné de leur ouvrage, pour en faire un point d'appui. Dans quelques espèces, comme celles du chêne, ils ont coutume d'enfoncer un long pivot qui soutient toute l'habitation. Chaque nation a sa manière. L'une bâtit sur pilotis, comme les Vénitiens; l'autre, sur la surface de la terre, comme les Sauvages élèvent leurs cabanes.