précieuses, recoudre des boutons ; je ferais même au besoin un peu de savonnage.
Éva (riant) : Vous savonnez monsieur Tartelet ?
Tartelet : Oui, Mademoiselle, mais malheureusement je ne sais pas du tout repasser.
Mme de Traventhal : Ne vous mettez pas l’esprit en peine mon bon monsieur Tartelet, nous savons que vous nous aimez… et… (lui tendant la main) et cela nous suffit.
Tartelet : Cela vous suffit… cela vous suffit, Madame, mais cela ne me suffit pas à moi, tous les matins, je me présente à l’heure de ma leçon… et… ma leçon, je ne la donne jamais… et vous me la payez toujours.
Éva : Eh bien… si je ne suis pas disposée à la prendre.
Tartelet : Alors, Mademoiselle, je ne dois pas être disposé moi, à en toucher le prix… Il y a six mois que j’habite ce château, ce qui fait, à raison d’une leçon par jour, cent quatre-vingts leçons que je n’ai pas données, lesquelles à deux écus l’une, forment un total de trois cent soixante écus que j’ai reçus et que je vais avoir l’honneur de restituer à Madame. (Il tire sa bourse de sa poche.)
Éva : Voulez-vous bien cacher cela méchant homme !
Mme de Traventhal : Je pensais, monsieur Tartelet, que vous vous considériez comme notre ami ?
Tartelet : Moi, votre ami !… c’est un grand honneur, Madame… j’en serais heureux, mais… je ne voudrais pas être un ami… à deux écus par jour.
Mme de Traventhal : C’est un acompte sur ce que nous aurons a vous payer plus tard…
Tartelet : Plus tard… je ne comprends pas…
Mme de Traventhal : Eh bien ! pour vos futurs élèves.
Tartelet : Mes futurs élèves… je ne comprends pas davantage.
Scène II
Tartelet entre par une porte latérale son violon sur le bras.
Tartelet : C’est moi, mesdames.
Mme de Traventhal : Ah !… M. Tartelet — Eh bien ?
Tartelet : Ce célèbre docteur sera ici dans un instant.
Mme de Traventhal : Mille remerciements M. Tartelet.
Tartelet : Pourquoi ?
Mme de Traventhal : C’est cependant très