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vais nageurs, et ont la gueule placée en bas; il sont, de plus, vivipares. Ainsi leur gloutonnerie a été compensée dans leur vitesse, leur vue, leur forme et leur génération.

Les mâchoires du requin sont armées de cinq ou six rangs de dents en haut et en bas. Elles sont plates, tranchantes sur les côtés, aiguës et taillées comme des lancettes. Il n'en a que deux rangs perpendiculaires; les autres sont couchées et disposées de manière qu'elles remplacent, par un mécanisme admirable, celles qu'il est souvent exposé à rompre. On l'amorce avec une pièce de chair embrochée d'un croc de fer. Avant de le tirer de l'eau on lui passe à la queue un nœud coulant, et lorsqu'il est sur le pont et qu'il s'efforce d'estropier les matelots, on la lui coupe à coups de hache. Cette queue n'a qu'un aileron taillé comme une faux. Les Chinois en font cas comme d'un remède aphrodisiaque, Au reste, la pêche de ce poisson n'est d'aucune utilité. J'ai goûté de sa chair qui a un goût de raie, avec une forte odeur d'urine. On dit qu'elle est fiévreuse. Les marins ne pêchent ce poisson que pour le mutiler. On lui crève les yeux, on l'éventre, on en attache plusieurs par la queue et on les rejette à la mer. spectacle digne d'un matelot. Le requin est si vivace que j'en ai vu remuer long-temps après qu'on leur avait coupé la tête. Cependant j'en ai vu noyer fort vite, en les plongeant